mardi 23 décembre 2008

A une jeune fille,

Vous qui ne savez pas combien l’enfance est belle, Enfant ! n’enviez point notre âge de douleurs, Où le cœur tour à tour est esclave et rebelle, Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs. Votre âge insouciant est si doux qu’on l’oublie ! Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs, Come une voix joyeuse en fuyant affaiblie, Comme un alcyon sur les mers. Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !
Jouissez du matin, jouissez du printemps ; Vos heures sont des fleurs l’un à l’autre enlacées ; Ne les effeuillez pas plus vite que le temps. Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue, Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié, A ces maux sans espoir que l’orgueil désavoue, A ces plaisirs qui font pitié. Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance Riez ! n’attristez pas votre front gracieux, Votre œil d’azur, miroir de paix et d’innocence, Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux ! Victor Hugo – Odes et ballades -

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour ton poême. En retour, reçois celui-ci :
L’art d’être grand-père

... Ah ! les fils de nos fils nous enchantent,
Ce sont de jeunes voix matinales qui chantent.
Ils sont dans nos logis lugubres le retour
Des roses, du printemps, de la vie et du jour !
Leur rire nous attire une larme aux paupières
Et de notre vieux seuil fait tressaillir les pierres ;
....
Ils ramènent notre âme aux premières années ;
Nous nous retrouvons doux, naïfs, heureux de rien ;
Le cœur serein s’emplit d’un vague aérien ;
En les voyant on croit sen voir soi-même éclore ;
Oui, devenir aïeul, c’est rentrer dans l’aurore......

J’ai.......
Eté quarante ans fier, indompté, triomphant ;
Et me voilà vaincu par un petit enfant.

L’adorable hasard d’être aïeul est tombé
Sur ma tête, et m’a fait une douce fêlure.

Que voulez-vous ? L’enfant me tient en sa puissance ;
Je finis par ne plus aimer que l’innocence ;
Tous les hommes sont cuivre et plomb, l’enfance est or.
...
Mon cœur est sans frontière, et je n’ai pas d’endroit
Où finisse l’amour des petits,....
(Victor Hugo)