Les instants d'après....

Junior est parti en vacances une semaine chez son Papa… UNE SEMAINE ! c’est exceptionnel quand la durée est aussi longue.

Depuis notre séparation, les contacts entre Junior et son Papa ont suivi une courbe en pics, souvent très bas.

Quand Monsieur est parti de la maison, assez brutalement, il a fermé la porte et s’est lancé tête baissée dans sa nouvelle aventure, en oubliant tout, même qu’il avait un fils. Il a fait un package Mère/enfant… c’était en 2004, en octobre, Junior avait 13 ans ! pas un mot, pas une explication… à moi de me débrouiller avec cela.

Le souvenir de cette période, je le vois défiler comme un film à grande vitesse. Avec l’envie d’hurler STOP… STOP… laissez moi le temps de comprendre. Tout s’est enchainé si vite ! Le fil de mon / notre histoire : au mois de juillet, nous avons vécu tous les trois, ensemble, un drame épouvantable, un deuil difficile à gérer, lors de ce qui devait être une ballade de divertissement en quads et motos dans les bois, un de nos amis est décédé suite à une chute, là, immédiatement, brutalement ! Une micro seconde où tout bascule ! Ce court instant qui ne nous quitte plus de toute notre vie ! Une image gravée, une image figée comme tous les instants qui ont suivi !

Le 5 août je rentrais à l’hôpital pour y subir une opération assez lourde, Monsieur avait le cœur et l’esprit ailleurs, Junior est parti en camp de vacances durant trois semaines, temps de mon séjour. Monsieur est parti en vacances ?! Seul. Au retour de Junior, j’étais seule, immobilisée par cette opération ! Monsieur est revenu pour repartir au mois d’octobre.

Et là, la situation étant pour moi définitive, il a fallu trouver les mots, expliquer, modérer, tempérer, consoler… Ce n’était pas le bon moment pour Junior, mais il n’y a jamais de bon moment pour cela ! Du haut de ses 13 ans il a vu cela comme une évidence en ce qui le concernait, horrible à entendre, horrible de combler ce vide là ! Et de répondre, et d’écouter sa vision de l’évènement. Avec une lucidité troublante, il m’a fait part du vide et de l’absence que représentait pour lui SON Papa… un Papa qui ne l’a pas aidé, pas écouté, et là brutalement, je me suis aperçue ou j’ai bien voulu m’apercevoir que ce Papa là n’était pas celui que Junior attendait, celui dont là ici et maintenant et depuis toujours il avait vraiment besoin.

Son Papa est revenu à la maison, « mea culpa », mais les dés étaient jettés, je n’ai pas pu ni voulu reprendre le jeu, j’ai loué une petite maison, pris mes affaires personnelles et Junior m’a suivi, Junior a demandé à me suivre… Junior lui-même voulait partir ! Pire que moi, il étouffait dans l’indifférence de ce Papa qui était revenu sans jamais reprendre sa place ! Et moi je sentais mon fils partir vers le repliement, la tristesse, l’agressivité et le mal être. Je suis partie !

Et je me suis installée dans une petite maison, puis dans la maison que j’occupe actuellement. Je l’ai voulu, je m’étais fixé pour but de l’avoir ! J’ai attendu que celle que nous occupions ensemble soit vendue, que ce divorce que j’ai sollicité soit terminé, et il ne l’est toujours pas. Aujourd’hui, je me sens très bien dans ce choix ! Doucement j’ai installé ma nouvelle vie, j’ai aidé surtout Junior qui a eu une année très difficile. Son ressenti s’est manifesté avec une rare violence.

Junior a fait comme il a pu le chemin du pardon, mais l’a-t-il fait vraiment, nous n’en parlons pas. J’écoute, j’entends, je vois encore parfois des mouvements de recul, de la colère ressortir. Toujours est –il qu’il a accepté de renouer des relations avec son Père. Visites rapides, repas partagés au début, et cette semaine il a accepté une semaine entière.

Moi ? Moi j’ai toujours eu des relations polies, j’ai essayé de ne pas faire rejaillir ma colère, ma déception, mes sentiments sur ce divorce. Je ne voulais pas de ces guerres incessantes, de discussions de partage.. Bien sûr il y en a eu, j’ai aménage, concilié, je suis arrivée doucement à obtenir ce que je devais obtenir.

Pourquoi, pourquoi ce matin je me raconte autant, autant de sentiments personnels. Je ne sais pas, ce matin la neige tombe, je commence plus tard. Je suis seule… je suis bien.. le temps s’est arrêté, le temps s’est ralenti, au rythme de la douceur de la chute de ces flocons sur le sol. Junior me manque et ces souvenirs remontent, peut être parce que un court instant je les laisse remonter ! Et je m’aperçois peut être enfin, qu’enfin il faudrait que je prenne vraiment le temps maintenant de m’écouter, de m’occuper de moi, de faire enfin mes deuils !

Dire aussi, que nous vivons tous des instants comme ceux là : où tout bascule ! où nous avons l’impression d’un AVANT et d’un APRES… Si je réfléchis bien mon chemin a été fait de ces instants, et je me refuse à me poser la question de savoir SI… si ces moments là n’avaient pas existé, qu’aurait été mon existence ? Mon existence je l’ai mené ces quatre dernières années, en prenant les évènements prioritairement, et dans ces priorités je m’aperçois que je me suis un peu oublié ! J’ai avancé, tête baissée, me suis relevée, ai aidé mon fils à se relever, à retrouver le bon chemin ! Alors oui, aujourd’hui, comme cette neige qui tombe doucement, doucement je vais me retrouver

!