mercredi 24 mars 2010

Histoires d'eau et souvenirs....


Journée internationale de l’eau ( !?) C'était avant-hier, et je me souviens...


Des actions sont entreprises pour nous sensibiliser, des notes sont jointes à nos factures, économie, analyse pour nous indiquer que même si des jours elle est imbuvable en raison de son goût, du moins elle est aseptisée et consommable.

Je ne critique en aucun cas ces actions, elles sont nécessaires. Mais le budget consacré à sa publicité me laisse réveuse sur les actions qui pourraient être entreprises avec ces montants.

J’ai été très tôt sensibilisé à ce problème.

Durant des années j’ai participé à des actions caritatives avec un groupe d’amis dont le but était de financer des pompes en centre Afrique. Nous menions des actions en vue de les acheter et étions en liaison avec les équipes qui les installaient.

Et puis, ce jour d’O, j’ai pensé à eux :

C’était lors de mon voyage en automne 2007, dans  le Grand Erg Oriental qui fait partie de cette vaste ceinture de sable qui court de Nouakchott en Mauritanie à Mourzouk en Lybie, en passant par l’Algérie et la Tunisie ; immense massif dunaire composés d’ergs d’importances variées. Le Grans Erg Oriental est deux fois plus grand que le Grand Erg Occidental et se situe principalement en Algérie, le reste en Tunisie.


 Trois semaines à sillonner cette magnifique région désertique.

Et un jour, à la recherche d’un endroit pour bivouaquer, nous les avons rencontrés, au milieu de nulle part :

Un groupe de nomades, l’approche a été timide, un seul, chef de village, parlait un mauvais français, la communication s’est établie doucement, la méfiance est tombée.

Le puits était sec pour cette période, ils devaient descendre un des leurs à la force des bras, dans un puits dont je n’ai pas pu évaluer la profondeur. Ils remontaient l’eau récoltée dans une poche faite avec des cordes et des morceaux de chambre à air.

L’eau était ensuite recueillie par des femmes, qui la versaient dans les outres dont certaines étaient également en chambre à air, fermées aux extrémités par des ficelles.

Ces « poches » étaient ensuite mises sur dos de chameau.

L’eau ? trouble, pleine de sédiments. L’eau du puits étant à un niveau très bas.

Les photos ont été prises avec pudeur, avec leur consentement, après des échanges de rires, face à l’échange difficile des mots.

Nous les avons suivis à leur campement. Un ami médecin était invité à visiter une malade, atteinte d’une forte fièvre et de douleurs abdominales.

Avec les moyens du bord, il l’a examiné, fait un diagnostic rapide, a laissé des médicaments et une explication au chef de village. Impossible pour lui de déterminer l’âge exact de cette femme. Impossible pour lui de ne pas être sensibilisé par l’inutilité de cette consultation, par son impuissance à la soigner vraiment, juste faire tomber la fièvre, calmer pour un moment la douleur, pas plus, il ne pouvait pas faire plus sachant qu’aucun suivi ne serait effectué. Nous avons subi de plein fouet le fatalisme de ces hommes qui refusaient même de faire appel au service médical le plus proche dans une base militaire, trop loin pour eux ! inutile pour eux ! « c’est la vie.. » et de confier cette vie à leur croyance !

Ils n’ont accepté aucun don et ne leur en avons pas proposé d’ailleurs et sauf exception n’en faisons pas, mais nous sommes parvenus à leur faire accepter du « troc », comme un échange de cadeaux après ce beau partage. Leur avons juste laisser un câble neuf et des attaches, avons partagé de la nourriture et les femmes ont troqué des perles contre du savon. Un instant oublier qui nous étions et qui ils étaient, partage unique.

Nous sommes repartis après cet après-midi riche en émotion, riche de cette rare rencontre, installer notre bivouac, les laissant où ils allaient passer la nuit pour repartir le lendemain.. à quelle distance, nous le l’avons pas su !

Dans le silence, nous avons retrouvé nos véhicules super équipés, réservoir d’eau pour la toilette et la nourriture. Bouteilles pour la consommation. Gêne ? non, sentiment d’impuissance, pas devant leur mode de vie mais devant leur difficulté vers l’essentiel, la survie ! Durant un instant nous avons partagé un peu de leur difficulté.

Dans ces voyages, nous apprenons la valeur de cette eau. Nous l’économisons… nous la cherchons… nous détournons de notre itinéraire à la recherche d’un moyen de remplir nos réserves avec de l’eau « potable », souvent aux postes frontières ou dans des camps militaires, ou des petits villages isolés. Nous réapprenons à la respecter !

Et quel bonheur de trouver sur notre itinéraire à plusieurs centaines de kilomètres de ce puits à sec, ces sources sauvages d’eau chaude,  qui nous offrent une baignoire naturelle, luxe suprême et apprécié !

 
.

Apprécier sur notre itinéraire du retour le fait de pouvoir tourner un robinet, boire une eau courante !

Et rester sensibilisés à ceux qui n’ont pas le minimum vital. Ceux que la nature prive de tout, ceux à qui la nature prend tout !

Comme ce  printemps, au Maroc, avec des pluies diluviennes, des inondations spectaculaires qui nous ont fait modifier maintes fois notre itinéraire, nous sommes allés chez un ami marocain dont la maison était menacée par un torrent de boue, nous avons mis deux jours avant de pouvoir le rencontrer, seule une rivière en furie habituellement à sec nous séparait d’eux. Je n’avais jamais vu ça, et en été, ils ont à nouveau souffert d’une sécheresse !!! Les dégâts étaient importants, plusieurs villages complètement isolés, les cultures ravagées.



Dame nature décide, Dame nature impose !!

(Avec ce groupe d’amis, nous profitons de ces voyages pour mettre en liaison des associations françaises avec leur action en place, distribution de médicaments et matériels dans les dispensaires par exemple ou liaison avec les écoles de campagne isolées : livres, matériels…

Je n’ai aucunement la prétention de me sentir utile durant ces voyages, une goutte d’eau dans l’océan, mais riche de rencontres et de relations humaines.)

Le prochain se programme, destination ??



7 commentaires:

Plume a dit…

Toi aussi, tu as un modérateur ???
Mon commentaire ne paraît pas...

Plume a dit…

Mon premier commentaire semble avoir passé à la trappe...
Peut-être est-ce mieux ainsi...

Bravo pour ce billet. Je comprends pourquoi tu ne publies pas trop souvent !
Nous découvrons un petit peu plus de notre MaDoRa...

Un projet dans l'air ?
Attention aux dates... déjà arrêtées ! LOL !

Bisous

madora a dit…

Plume :
non pas de modérateur...???
pourquoi vaut il mieux que ton premier com soit passé à la trappe ?
Si je ne publie pas trop souvent c'est surtout qu'en ce moment, j'ai un ordi qui rame un max...refuse mes photos, ne lie plus les DVD sur lesquels elles se trouvent, etc...

Fruitée Intense a dit…

C'est beau, c'est simple et vrai. Une goutte d'eau dans un monde au coeur sec. Je ne parle pas de ces nomades sans doute de plus en plus menacés par l'existence des frontières mais qui ne demandent rien, qui gardent leur fierté. Je parle des grandes entreprises qui amènent de l'eau en Afrique... pour cultiver des roses, par exemple ! La mer d'Aral disparaît... L'espagne s'épuise à arroser ses fraises... Les notes de tes factures précisent-elles la présence d'antibiotiques, d'hormones et autres médicaments ?
Merci pour ton beau reportage qui fait du bien au coeur et à l'âme.

Plume a dit…

Me revoilà, calmement.
Je ne peux, hélas, jamais refaire un commentaire à l'identique, c'est spontané et donc, le 2e sera forcément différent.

J'essaie de te dire que ton billet m'a émue... pour ce Pays... des contrées que je ne connais pas et que j'imagine, la beauté des gens qui y vivent et des paysages.

Pour ma part, je n'ai pas l'esprit "humanitaire", et je ne suis pas sensible aux ONG car je suis agacée par les dérives de certaines grandes organisations.
Mais, il est certain qu'il faut apprendre à ces peuples à se prendre en charge, à prendre soin des installations que nous leur offrons.

Hier, à la télé, un reportage montrait un village au Sénégal où une pompe avait été installée. Les gens viennent chercher de l'eau, mais ils doivent payer en espèces ou en nature, et l'argent récolté resservira pour d'autres investissements dans le village.
Un bel exemple à appliquer dans ces pays "en voie de développement".

Cette fois, je vais suivre le conseil de TatyDany, je vais sauvegarder...

Bises à toi et bravo pour ton implication... j'en suis totalement incapable...

Anonyme a dit…

Tatydany :
oui c'est beau, et simple.. comme ces immensités, si belles, si changeantes, si surprenantes..
Plume :
non, je ne suis pas impliquée, ou très peu, les ONG et grandes organisations, je les ignore, dégoutée par les détournements ! mais j'admire les petites actions menées par des petites associations privées qui font peu sans doute mais beaucoup à leur échelle.

Plume a dit…

MaDoRa, tu me rassures, je vois les choses exactement comme toi...
Bises