
et en 1959, en cours d’année de CP, j’ai fait ma rentrée dans cet établissement, laissant mes platanes, mon pupitre, cet inconfort où nous étions pourtant heureux pour une cour goudronnée, des couloirs immenses, une salle de classe au bureau et parquet vernis, les encriers étaient en plastique vert, et nous avions d’immenses fenêtres et le chauffage central.
Et surtout, subitement, puisqu’il y avait de la place, mon école n’était plus mixte. Filles d’un côté, garçons de l’autre !! Nos copains jouaient dans l’autre cour, un grillage nous séparait ! Mais toujours la distribution de lait, cette fois cacaoté, et surtout des douches ! Oui, des douches en sous-sol, où nous devions nous rendre deux fois par semaine durant les récréations ou après l’école… sauf dérogation ! Il faut dire qu’à cette époque, beaucoup d’appartements n’étaient pas équipés de salle de bain, il y avait les bains-douches de quartier, et donc les douches dans cette école. J’y allais, je m’y suis beaucoup amusé, petites cabines au carrelage jaune, odeur de savon, tellement de vapeur que l’on se serait cru dans un hammam ! Et de plus, ma Maman en assurait la surveillance, vigilante à ce que nous sortions correctement séchées, propres ! Pour retourner en classe ou rentrer à la maison si cette séance de « nettoyage » avait lieu en fin d’après-midi ! Je ne sais pas quand ces douches ont été abandonnées, j’ai quitté cette école pour mon entrée en 6ème et elles étaient toujours en service ! Je garde un souvenir pour l’institutrice qui se trouve sur cette photo ! Madame GUILLERMIN, dite GUIGUITE, Institutrice et Directrice de l’établissement, son mari assurait la Direction du côté garçon. Sa classe était à son image, ordre et discipline… main de fer dans un gant de velours… On pourrait ajouter à ces fonctions celle d’Assistante Sociale, elle connaissait toutes les familles, nos vies, notre histoire familiale, faisant la liaison entre l’école et la maison. Prenait de nos nouvelles lorsque nous rentrions au Collège. Chance ou malchance pour moi, elle avait eu dans sa classe, mes trois sœurs, alors j’avais toujours l’impression que moi, la quatrième des sœurs X, elle ne me raterait pas, et effectivement elle ne m’épargnait rien ! Elle était d’une grande rigueur mais avait une fabuleuse écoute, et je l’adorais. La dernière fois que je l’ai vu, c’était pour lui apprendre que j’avais réussi mon Baccalauréat, avare de félicitations, elle m’a embrassé, émue… Petit voyage dans le temps et dans les souvenirs……..